VACHON Flora

ED 623
Doctorante, Université Paris Cité, Laboratoire SPHere UMR 7219, CERMES3
Thèmes de recherche :
  • Histoire et anthropologie de la paléogénétique et de la paléogénomique
  • Réflexions autour du concept d’espèce appliqué à l’humain
  • Sociologie des sciences et des techniques

Projet de thèse : A partir des années 80, une discipline émergente apporte aux sciences de l’évolution une nouvelle approche du problème de l’histoire évolutive des espèces : la paléogénétique. Cette discipline consiste à analyser des séquences d’ADN ancien reconstruites à partir de fragments d’ADN retrouvés sur des fossiles, en mobilisant des méthodes analytiques développées depuis le début du 20ème siècle par une autre discipline, la génétique des populations. A de multiples égards, la paléogénétique va bouleverser la compréhension de l’histoire évolutive des espèces vivantes en général, et de l’évolution humaine en particulier. La question des frontières entre groupes humains et non-humains se trouve déplacée : aux seuls critères morphologiques viennent s’ajouter des liens génétiques. Les analyses sur les séquences d’ADN ancien donnent accès à de nouvelles pistes pour la compréhension des migrations, des métissages, de la domestication des espèces, et des effets du développement des sociétés humaines sur l’environnement. Enfin, la détermination du sexe facilitée avec l’ADN ancien lorsqu’il est encore accessible sur les restes fossiles ainsi que les analyses des liens de parentés dans les nécropoles et sépultures humaines informent sur les structures sociales des sociétés anciennes.
Cette discipline, accompagnée dans les années 2000 par la paléogénomique (étude des génomes anciens), bouscule les savoirs produits par les disciplines paléontologiques et de génétique moderne. Cependant, la nature de l’objet ADN ancien impose à ces disciplines des conditions de production particulière, du laboratoire à l’analyse. La promesse de fiabilité revendiquée par la génétique, dont les prédictions concernant l’ancestralité (mais aussi d’autres domaines comme la santé) jouissent d’une aura forte, est toutefois marquée par des incertitudes persistantes. La paléogénétique ne fait pas exception.

Ce projet de doctorat vise à caractériser les façons dont les approches des disciplines de l’ADN ancien sont intégrées à l’élaboration des savoirs sur les histoires évolutives des espèces, particulièrement de l’humain. Je m’intéresse dans ce cadre là aux conditions technoscientifiques de production de l’objet ADN ancien et aux conséquences du déploiement des savoirs produits en paléogénétique sur les débats faisant acte en archéologie principalement. Cette étude repose sur une démarche anthropo-historique, combinant travail d’archive et anthropologie de laboratoire.

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